Design d’expérience utilisateur, design de service, design d’espace, design numérique, design industriel, design d’interface utilisateur, graphique, d’objet, thinking, marketing … les spécialités en la matière ne manquent pas. Bien que parfois éloignées; les tâches et missions types d’un designer d’espace et celle d’un designer graphiques sont relativement différentes, alors que le premier s’attardera sur l’aménagement des espaces, les aires de circulation, les normes pour des réalisations à échelle humaine… le second traitera minutieusement la place de chaque mot, la lisibilité de l’information ou la communication de l’information pour des supports print ou web, néanmoins, les procédés et les effets recherchés s’ancrent dans une dynamique commune.

Stéphane Vial quant à lui, dans son ouvrage Le Design, entreprend de faire une “archéologie du design ”, face à la difficulté de définir ce dernier. Entre définition réductrice, qui maintiennent le design dans des domaines tels que l’architecture ou l’industrie, et définition trop englobante, qui font du design un genre de philosophie universelle  “quand tout est design, rien n’est design ”, pour l’auteur il y a pas encore de définition satisfaisante. Néanmoins, il constate la mouvance récente autour ce terme et une unité tout de même par l’approche “centrée sur l’humain” qui rassemble les différentes formes de design. Lui parle d’une discipline “sui generis ”, c’est-à-dire, de son propre genre et d’une discipline du projet. Cette notion de projet est essentielle. Elle est à l’origine du terme design. Elle renvoie au fait d’anticiper, soit de mettre en place une méthode de conception. Mais le design ne s'arrête pas au processus de conception car “design is making sense (of things) ”. L’objectif humaniste est au coeur du design. Il n’est donc pas enclavé dans un moule rigide dictant son mode de mise en oeuvre, ses champs d’applications ou ses interprètes. Tim Brown, fondateur d’IDEO (entreprise de design américaine) parle de “mode de réflexion ” ou encore de “principes applicables par un large éventail d’acteurs dans la résolution de problématiques ”. Il distingue le design thinking du design, qui selon lui permet une transversalité par le biais du projet; en s’attaquant aux trois phases de l’innovation qu’il dissocie : inspiration, conception et réalisation. Cela assoit le design en tant que “préoccupation cognitive et intuitive .” qui s’applique à de multiples (tous?) domaines. Stéphanie Cardoso dans sa thèse  de doctorat, notait en 2009 la polysémie du terme et de la discipline. Aujourd’hui ses contours se renforcent mais restent ondulants. La définition de l’AFD citée en introduction  marque une volonté de définir le design dans un dessein plus large de démocratisation voir de vulgarisation de la discipline/méthode. En 2017, la Fédération des Designers Industriels (FEDI) et l’Alliance Française des Designers (AFD) ont fusionné pour créer le plus important syndicat de designers français. Elle considère un designer comme “un professionnel qui possède un haut degré de formation artistique et technique, voire scientifique, ainsi qu’une éthique professionnelle. (...) Il est capable d’empathie, d’approche sensible, intuitive et créative pour aborder les sujets .”. Ainsi, le designer ne se caractérise pas par le domaine dans lequel il intervient mais par la manière dont il l’aborde. Valentin Ngadi rappelle dans sa thèse La personnalité du design : concept, structure et diffusion, l’importance du contexte dans l’approche design : “Constatant que le design est lié à un environnement et destiné aux individus spécifiques, il ne faut donc pas omettre la prise en compte des facteurs environnementaux internes ou externes (contexte historique, technologique, culturel, espace, lumière, système visuel) et des facteurs individuels (expérience et savoir esthétique, habitude et préférence esthétique.). Au regard de cette approche holistique (considération du design comme le tout de l’objet), nous pouvons appréhender dans cette recherche la définition du design comme: «la forme globale du produit mis en exergue par ses dimensions sémantique, syntactique, pragmatique, environnementale et humaine ».”

Alors que le CNRTL ne propose aucune définition du design, le dictionnaire Larousse en ligne propose de le définir comme : “Discipline visant à une harmonisation de l'environnement humain, depuis la conception des objets usuels jusqu'à l'urbanisme  ”. On retrouve ici, l’humain au centre du sens de design ainsi qu’une volonté d’amélioration. Il est donc, au vu de ces multiples tentatives de délimitation sémantique du terme design, opportun de considérer qu’à ce jour, il n’existe pas de définition française arrêtée du design mais de nombreuses études, recherches et mise en contexte du design, dans de multiples champs d’application. En atteste la diversité des domaines expérimentés par les auteurs précédemment cités : Tim Brown, Designer industriel et penseur fondateur du design thinking, président-directeur général d'IDEO / K. Krippendorff, auteur et professeur de cybernétique, langue et culture à l’université de Pennsylvanie / Stéphane Vial, philosophe et un enseignant-chercheur français spécialisé dans la recherche en design et l'analyse de la révolution numérique / Stéphanie Cardoso, maître de conférence en design, Responsable du Master Professionnel Design : Innovation, Interaction, Services, Responsable du programme de recherche LID : le Laboratoire des pratiques Innovantes en Design , Co-responsable du CIS Design & Media Lab, Chercheur au laboratoire MICA / Valentin Ngadi, professeur de marketing, docteur en science de gestion, responsable du cycle master SUP DE CO.